Au Sénégal, l’ancien, ce pilier de la société africaine oublié

En 2006, le pays a lancé un programme d’assurance-maladie universelle. Mais dans un pays non préparé au vieillissement de sa population, l’initiative a vite montré ses limites.

Par Marie Lechapelays Publié le 23 novembre 2019 à 10h32 – Mis à jour le 23 novembre 2019 à 10h47

Le continent de la jeunesse n’est pas épargné par le vieillissement de sa population. Le nombre de seniors devrait quadrupler d’ici à 2050, pour représenter 9 % des 2,4 milliards d’Africains (plus de la moitié aura moins de 25 ans), selon l’Institut national d’études démographiques (INED). Et pour l’instant, peu d’attention leur est portée.

En Afrique de l’Ouest, le Sénégal est souvent cité en exemple pour les mesures prises en faveur des personnes âgées. Comme dans la plupart des sociétés africaines, le « vieux » a une place bien particulière dans le tissu de la société et dans l’imaginaire collectif. L’expression wolof (langue locale) « Mag matna bayyi ci réew » le rappelle : « La personne âgée est le pilier de la société. »

Mais aujourd’hui, cette population qui représente entre 9 % et 11 % des Sénégalais et dont le nombre doit tripler d’ici à 2050, souffre de l’« urbanisation et de la nucléarisation des familles qui entraînent un recul des solidarités », explique Sadio Ba Gning, enseignante-chercheuse en sociologie à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis, spécialiste des questions liées au vieillissement.

Pathologies chroniques
Une déchéance sociale et un isolement doublés d’une précarité économique. Dans un pays où l’économie est à 80 % informelle, seuls 30 % des plus de 60 ans touchent une retraite et peuvent bénéficier du système de protection sociale. En 2006, conscient de cette situation, l’Etat lance le plan Sésame, un programme d’assurance-maladie universelle qui instaure la gratuité des soins pour les personnes âgées dans les centres de santé et hôpitaux publics. Cette politique « a eu des effets positifs notables en termes de recours aux services de santé pour les personnes âgées et de diagnostic de leurs maladies, en particulier chroniques », notaient un ensemble de chercheurs dans un article de la revue Santé publique, publié en 2016.